Nier les faits. Minimiser les risques. Pour enfin, agir afin de protéger la vie humaine.

À l’occasion du 50e Jour de la Terre, Peter Nicholson, président du conseil d’administration de l’Institut, offre sa perspective sur les leçons que cette crise nous apporte face aux défis des changements climatiques. 

L’après COVID-19 — la série blogue
Alors que le pays se dirige vers la reprise économique de l’après pandémie, l’Institut examine les choix politiques à venir pour le Canada.

La pandémie de la COVID-19 nous donne un aperçu en accéléré d’une planète qui se réchauffe dangereusement. Toutefois le scénario de la COVID 19 est un peu différent – des décennies de réalisation lente ont été comprimées en semaines – reste que l’arc narratif est similaire aux changements climatiques. Depuis janvier, nous avons vu la progression des attitudes face à l’urgence : Nier les faits. Minimiser les risques. Puis se dérober au prix à payer. 

Pour enfin, agir, et assumer la responsabilité de protéger la vie humaine.

Les risques que représentent les changements peuvent être comparés avec la crise de la COVID-19 mais au ralenti, avec des conséquences de plus grande envergure. La COVID 19 comme les changements climatiques représentent une menace existentielle à l’échelle mondiale – peut-être pas une extinction littérale, mais une perturbation sans précédent de notre mode de vie. Dans chaque cas, les premiers signes ont été faciles à ignorer, mais les conséquences se sont accumulées de manière exponentielle.

Dans chaque cas, le coût de la prévention, ou au moins de l’intervention précoce, est largement inférieur au coût des conséquences éventuelles. C’est ce qui caractérise tous les phénomènes exponentiels : ils prennent de grandes proportions sans crier gare. Comme tous les pays du monde l’ont maintenant réalisé, le meilleur moment pour prendre des mesures décisives afin de contenir la pandémie actuelle aurait été lorsqu’ils n’avaient enregistré que quelques cas confirmés – ou idéalement, même plus tôt que cela.

Dans le cas de la COVID-19 et des changements climatiques, il y a eu des parallèles remarquables dans la façon dont les gens réagissent. Tout d’abord, il y a le déni, certains affirmant même que tout cela n’est qu’un canular. Mais lorsque la réalité ne peut plus être niée, l’ampleur de la menace est minimisée. Ensuite, lorsqu’il faut simplement reconnaître l’ampleur de la menace, certains affirment que le remède sera pire que la maladie. Finalement : il y a acceptation et la société prend les mesures qui s’imposent, mais avec un coût en vies et en argent qui a été amplifié de façon exponentielle par le retard dans la réponse.

Les attitudes à l’égard de la Covid-19 ont franchi ces étapes en trois mois à peine. Et c’est là, malheureusement, que s’arrête la similitude entre la pandémie et les changements climatiques. Il a fallu des décennies pour que nos attitudes évoluent au-delà du déni, et pour que les gouvernements, les industries et les particuliers commencent à prendre des mesures sérieuses. Ce retard nous a toutefois coûté cher et presque tous les pays sont en train de rattraper leur retard.

La différence d’échelle de temps de réaction est profondément enracinée dans une psychologie humaine qui a évolué pour donner la priorité aux menaces immédiates. Après tout, comme l’a dit l’économiste britannique John Maynard Keynes, à long terme nous sommes tous morts. 

Si les impacts de pandémie de Covid-19 et des changements climatiques peuvent tous deux croître de manière exponentielle, la taille relative des exposants importe énormément. Nous sommes émotionnellement prêts à réagir à un doublement en trois jours, mais pas en 30 ans. C’est pourquoi la métaphore d’une “guerre” résonne dans le cas d’une pandémie, mais pas dans le cas des changements climatiques.

En fait, l’ampleur de la réaction à la Covid-19 ne peut être comparée qu’à la mobilisation de la Seconde Guerre mondiale. 

Pour faire face à la Covid-19, les politiciens ont été prompts à dire “Nous dépenserons tout ce qu’il faudra”. Fin mars, les pays du G20 avaient pris des engagements de dépenses équivalant à 5 000 milliards de dollars, soit 7,4 % du produit intérieur brut des pays du G20 en 2019.

Imaginez ce que ce montant pourrait acheter, extrapolé au niveau mondial, pour lutter contre les changements climatiques.

Il est facile d’être cynique quant à l’ampleur de la réponse aux changements climatiques à ce jour. Mais il y a de bonnes raisons de garder espoir. La pandémie de la Covid-19 a rassemblé le monde entier dans une lutte commune d’une manière qui n’avait jamais été expérimentée auparavant. 

Dans de nombreux cas, de profondes divisions ont été mises de côté. L’action collective s’est concrétisée spontanément et par-delà les frontières. Les individus ont fait de profonds sacrifices. Nous avons compris que la logique de la mondialisation implique qu’en aidant les autres, nous nous aidons nous-mêmes. Nous avons enfin transformé le cliché “Nous sommes tous dans le même bateau” en action concrète, à l’échelle mondiale.

Demandez-vous donc s’il existe un autre défi commun auquel cette nouvelle sagesse pourrait s’appliquer. 

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