Des experts appellent le Canada à agir maintenant pour éviter l’augmentation des coûts du changement climatique

De nouvelles recherches suggèrent que les dommages actuels liés au climat ne seront que la partie émergée de l’iceberg, à moins que le Canada n’agisse sur la divulgation des risques et n’investisse dans la résilience climatique.

Dans son nouveau rapport intitulé La pointe de l’iceberg : composer avec les coûts connus et inconnus des changements climatiques au Canada, l’Institut canadien pour des choix climatiques dévoile l’ampleur des coûts associés aux changements climatiques pour le Canada et leur constante croissance. L’institut milite pour une meilleure divulgation et une plus grande prise de conscience de ces risques, afin qu’ils soient mieux pris en compte dans les politiques d’adaptation et les investissements en matière de résilience pour en limiter les dommages. À la lumière de l’énoncé économique de l’automne du gouvernement fédéral, la nécessité de planifier et de limiter les coûts futurs prévisibles et gérables est encore plus évidente.

Selon, le rapport, bien que les dépenses associées aux catastrophes météorologiques totalisent déjà des milliards de dollars chaque année, ces chiffres ne représentent qu’une fraction des coûts associés au climat. Depuis 2010, les coûts des catastrophes et des événements catastrophiques liés aux conditions météorologiques représentent environ 5 à 6 % de la croissance annuelle du PIB du Canada, contre 1 % en moyenne au cours des décennies précédentes.

En injectant des fonds et en faisant de l’adaptation aux changements climatiques une priorité, il est néanmoins possible d’anticiper et de réduire une grande partie de ces coûts. Le rapport recommande ainsi aux gouvernements et aux organismes de réglementation financière d’accroître systématiquement la divulgation des risques et la transparence en matière de répercussions économiques et sociales des changements climatiques dans les secteurs public et privé. Selon l’Institut, il est également primordial d’augmenter le financement public de mesures d’adaptation favorisant la résilience et de bien coordonner les plans d’adaptation aux changements climatiques entre les instances provinciales, territoriales, autochtones et municipales pour en améliorer les résultats.

Sans de telles mesures, le rapport constate que les pertes catastrophiques dues aux catastrophes climatiques pourraient augmenter de manière insoutenable. Les tendances historiques montrent que les pertes assurées pour les catastrophes liées à la météo au Canada se sont élevées à plus de 18 milliards de dollars au cours de la dernière décennie, soit le double du total des trois décennies précédentes. Entre-temps, le coût moyen par catastrophe a bondi de 1250 % depuis les années 1970 ; une tempête ou une inondation typique qui coûtait environ 8 millions de dollars au début des années 1970 coûte maintenant plus de 110 millions de dollars.

« Une leçon que le Canada doit tirer de la pandémie mondiale est que nous devons beaucoup mieux prévoir les risques et agir en conséquence. À mesure que les changements climatiques s’accélèrent, aucun individu, aucune province ni aucun secteur ne sera à l’abri. Aujourd’hui plus que jamais, nous ne pouvons pas nous permettre de faire preuve de désinvolture et de ne pas tenir compte des coûts massifs à venir, en particulier ceux que nous avons le pouvoir de gérer. Nous pouvons limiter notre exposition aux risques et prendre de meilleures décisions en investissant dans la résilience et en rendant obligatoire la divulgation des risques climatiques.» a commenté Kathy Bardswick, présidente de l’Institut canadien pour des choix climatiques.

Devant les résultats d’une analyse qui démontre toute l’efficacité des investissements réalisés dans des mesures appropriées d’adaptation climatique, avant qu’une catastrophe ne frappe, et qui s’expriment à travers la réduction des dommages et des perturbations sociales et économiques, David Sawyer, économiste principal pour l’Institut et premier auteur du rapport précise que « le Canada n’a pratiquement pas exploité le potentiel associé à l’adaptation aux changements climatiques. Non seulement nous sommes ainsi plus exposés aux risques, mais nous passons aussi à côté des retours importants que généreraient des investissements dans la résilience. Nous avons l’occasion de réduire en amont certains des principaux risques climatiques auxquels nous sommes exposés, des inondations en milieu urbain aux vagues de chaleur meurtrières, en passant par les sécheresses qui détruisent les récoltes. »

Le rapport indique qu’en l’absence de telles mesures, les sinistres désastreux dus aux catastrophes météorologiques augmenteront à un rythme insoutenable. Les effets à long terme, comme la hausse du niveau de la mer et la fonte du pergélisol, sont tout aussi préoccupants. Par exemple, pour les 33 collectivités des Territoires du Nord-Ouest, on estime qu’au cours des 75 prochaines années, les coûts engendrés par la fonte du pergélisol devraient s’élever à 1,3 milliard de dollars, soit environ 25 % du PIB territorial actuel.

En outre, l’accélération des changements climatiques entraînera de plus en plus de conséquences sur la santé et l’espérance de vie.  Au Québec notamment, a recensé 86 décès pendant la vague de chaleur extrême qui a submergé la province à l’été 2018, le plus chaud en 146 ans d’observation météorologique. Cet événement météorologique a également mis en lumière des inégalités qui existaient entre les familles qui avaient les moyens d’acheter un climatiseur et celles qui ne le pouvaient pas.

Enfin, les conséquences des changements climatiques se feront aussi sentir sur les écosystèmes, ainsi que sur les droits, les terres et les pratiques autochtones, difficilement quantifiables sur le plan économique, mais néanmoins considérables.

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