Entretien avec le nouveau président de l’Institut, Rick Smith

Le nouveau dirigeant de l’Institut nous parle des défis les plus urgents en matière de politiques climatiques au Canada, et de ce qui le rend optimiste.

Rick Smith apporte 25 ans d’expérience à la tête d’organismes sans but lucratif, ayant passé les 8 dernières années à faire de l’Institut Broadbent l’un des plus importants groupes de réflexion sur les politiques au pays. Détenteur d’un doctorat en biologie, il a publié de nombreux ouvrages – notamment comme co-auteur de deux livres à succès sur les répercussions de la pollution sur la santé humaine – et a travaillé partout dans le pays et le monde avec un large éventail d’intervenants cherchant des solutions appuyées sur des faits à des enjeux environnementaux, sociaux et économiques. J’ai interviewé Rick au cours de sa première semaine à l’Institut pour savoir pourquoi il est enthousiasmé par ce nouveau rôle.

Qu’est-ce qui vous a amené à assumer ce nouveau rôle de dirigeant à l’Institut?

RS : L’urgence des changements climatiques n’est plus à nier. Les dix prochaines années seront décisives pour la réduction des émissions de carbone, et pour nous assurer que le Canada saura s’adapter aux répercussions des changements climatiques et que notre économie est préparée à la concurrence dans un monde sobre en carbone. Pour ce faire, nous avons besoin des meilleurs plans, orientés par les meilleures données probantes. Nous devons nous assurer que la population canadienne dans son ensemble participe à la discussion. C’est sur ce projet que je veux travailler maintenant.

D’après vous, quels sont les plus grands défis du Canada en matière de politiques climatiques?

RS : S’atteler véritablement à la tâche! Pendant des années, nous avons débattu du code de la route plutôt que d’entamer le voyage. La récente décision de la Cour suprême de maintenir la tarification du carbone, la nouvelle loi de responsabilisation climatique, le projet de loi C-12 et les virages importants qu’ont pris l’administration Biden et d’autres grands partenaires commerciaux ont établi un contexte et un cadre que peut suivre le Canada pour agir. Les changements climatiques ne sont pas qu’un impératif environnemental, mais aussi économique et social. Maintenant, plus rien ne nous empêche de commencer à nous attaquer aux enjeux et de saisir les occasions qui se présentent.

À quel point êtes-vous sûr que le Canada peut faire les progrès nécessaires pour atteindre la carboneutralité?

RS : J’en suis tout à fait certain. Le monde se dirige vers la carboneutralité; il n’y a aucune autre option. Et nous pouvons faire du Canada une figure de proue dans cette transition historique.

Sur une note plus personnelle, comment faites-vous pour rester optimiste et motivé dans votre travail sur des politiques climatiques?

RS : L’un des avantages de vieillir, c’est que j’ai vu des changements positifs survenir, souvent très vite. Par exemple, j’ai eu le privilège de participer pendant de nombreuses années à la discussion sur les produits chimiques toxiques. À compter du début des années 2000, la sensibilisation des scientifiques et des consommateurs a fini par entraîner le bannissement de produits chimiques comme le BPA de nombreux articles. Ainsi, certains objets – comme les jouets pour enfants – sont beaucoup plus sécuritaires aujourd’hui qu’il y a seulement quelques années. On sent maintenant le même genre d’élan de changement constructif en ce qui a trait au climat. C’est excitant!

Qu’est-ce qui changera dans le monde si l’Institut atteint ses objectifs?

RS : La population canadienne sera mieux informée, et nous serons tous unis dans nos efforts pour créer un monde sobre en carbone, un projet commun qui doit bénéficier à tout le monde.